PEUT-ON DOUTER DE LOURDES ?

 

Bernadette ne nous a pas trompés (et ne s’est pas trompée) : le dossier historique des apparitions est complet, limpide, aucune objection ne tient, et c’est un signe de plus car si Lourdes est vrai, tout est vrai (Dieu, Jésus, l’Église). Lourdes est une sorte de poignée à saisir quand le doute sur la vérité du Credo nous guette.

 

Il y a comme un fil rouge qui unit les apparitions mariales :

La première des temps modernes, en 1830 à la Rue du Bac à Paris s’est produite l’année du premier voyage de passagers dans un train, de Liverpool à Manchester : comme un symbole de l’entrée dans la modernité, le début de l’ère dans laquelle nous vivons.

1858, l’année des apparitions de Lourdes est aussi l’année de parution de deux livres déterminants pour notre époque : « L’origine des espèces » de Darwin, qui a été une source pour tout l’athéisme moderne, et « La vie de Jésus » de Renan, qui a lancé la critique moderniste.

En 1917, les Apparitions de Fatima sont contemporaines de la prise de pouvoir de Lénine en Russie.

En 1933, l’année de Banneux, est le mois de la prise de pouvoir d’Hitler en Allemagne.
En 1981, à Kibeho, au Rwanda, elle précède le terrible génocide dans ce pays, une tragédie affreuse qui est annoncée par la Vierge aux jeunes voyants.

La Vierge est une mère qui est très attentive aux soucis et aux besoins de ses enfants. Elle vient au secours quand il faut nous rappeler l’espérance de l’Évangile. J’ai écrit un livre, « Gli occhi di Maria » (Les jeux de Marie) pour montrer qu’il existe une sorte d’histoire parallèle que seulement la foi peut discerner à côté de l’histoire officielle que tout le monde voit mais qui n’est pas celle qui vraiment compte pour le destin du monde. A chaque étape de cette histoire la Vierge parait pour donner confiance ou pour mettre en garde ses enfants.

La Vierge à Lourdes renvoie à l’Église de son Fils

La réponse à Bernadette qui lui demandait son nom : « Je suis l’Immaculée conception », est un écho direct du dogme de l’Immaculée Conception que l’Église venait de proclamer solennellement à Rome 4 ans plus tôt.

A Lourdes, la Vierge a aussi renvoyé directement vers l’Église : « Allez dire aux prêtres de bâtir ici une chapelle et qu’on y vienne en procession ! ».

Lourdes est entièrement catholique, l’Apparition même exige que ce soit le clergé qui guide ici le peuple de Dieu. Il est intéressant de noter que là où il y avait la Grotte de Massabielle, le terrain appartenait a la paroisse Saint-Pierre, comme pour un renvoi au pape. N’oublions pas que les 18 apparitions ne se réalisent pas en une succession de dates au hasard mais en suivant le calendrier liturgique romain. C’est bouleversant voir comme les textes du jour à la messe de chaque matin sont en accord avec le message qui sera donné à la Grotte.

 

Lourdes est la plus claire et la plus documentée des apparitions.

Sur Lourdes, il n’y a aucun doute : on sait tout. Il y a même trop de documents et c’est cela qui est le plus épuisant pour l’historien, mais tout est cohérent, simple, clair.

Ce n’est pas le cas partout : à Fatima, il y a eu beaucoup de questions et cela a pris du temps. A La Salette aussi. Il a fallu travailler et l’évêque du lieu a conclu favorablement, mais beaucoup d’autres étaient contre.

C’est différent à Lourdes, où il n’y a jamais en de questions et de discussions.

Quand le Cardinal Ratzinger a ouvert les archives du Saint Office, nous nous y sommes précipités, mon maitre et ami l’Abbé René Laurentin et moi-même : lui depuis Paris, moi depuis Milan. Nous avons demandé le dossier sur Lourdes mais surprise : il était vide ! Le fichier existait, mais il n’y avait rien eu à contester, à discuter. Le Saint Office n’a jamais eu besoin d’intervenir sur Lourdes, alors que les dossiers de Fatima, de La Salette, ou d’autres lieux sont énormes. Les papes ont été très présents à Lourdes mais pas comme juges au contraire, comme pèlerins (Jean Paul II deux fois, Benoit XVI en 2008) ou comme auteurs de messages convaincus, souvent émus pour dire leur amour du sanctuaire.

Aucune objection ne tient

Dans mon livre de plus de 300 pages sur Bernadette, j’ai examiné toutes les objections possibles, toutes celles qui ont été émises sur le plan historique, et aucune ne tient.

Neuf chapitres s’interrogent en historien, sur chacune des objections imaginées par Zola, Renan, Charcot, les libres penseurs, jusqu‘à nos jours Il n’y a pas de discussions sur la vérité des apparitions à l’intérieur de l’Église mais il y a eu une guerre de la part d’intellectuels athées. On ne pouvait pas (on ne peut pas, aujourd’hui même) concevoir une telle visite du Ciel, au surplus à une petite analphabète.

- On a d’abord émis l’idée que ce pouvait être les parents de Bernadette qui l’auraient poussée à jouer la comédie. Mais pauvres, ruinés, sous la surveillance de la police, avec une mère présumée alcoolique et un père qui avait fait faillite, qui sortait de prison pour vol et risquait d’y retourner, ils n’étaient absolument pas en état de faire les malins. Les parents de Bernadette ont été terrorisés par les apparitions et ils la suppliaient de ne pas aller à la Grotte.

- Les prêtres alors ? Auraient-ils organisé cela pour créer un sanctuaire et gagner de l’argent ? Tous ces soupçons ont été avancés mais ils ne tiennent pas. Au contraire : le clergé a été longtemps à côté des autorités civiles pour en finir avec celle qu’ils croyaient illusionnée.

- Bernadette n’est non plus ni une comédienne, ni une hystérique, ni une illuminée. Elle n’a pas été très bien traitée à Nevers, et des sœurs là-bas n’ont pas cru aux dires de Bernadette. Même la maîtresse des novices, Mère Vozous, qui est devenue mère générale de l’Ordre et qui s’est opposée au procès de béatification de Bernadette (« attendez au moins ma mort ! »). Mais tout cela s’explique et c’est courant dans l’histoire de l’Église. Et finalement, la mère Vozous (on l’oublie trop souvent) a voulu terminer ses jours à l’Hospice tenu par la Congrégation à Lourdes. Elle est morte en invoquant la Vierge Immaculée parue à la Grotte !

- On a même imaginé que ces visions pouvaient venir de l’Adversaire, mais rien ne tient.

- Enfin, Bernadette n’a jamais rien gagné à maintenir son témoignage. Sa famille aussi a toujours refusé tout don. Elle a toute sa vie refusé tout revenu, tout don : « ça brûle ! ».

Le Mandement de Mgr Laurence reste le texte de référence

Il faut lire l’excellent Mandement par lequel Mgr Laurence, évêque de Tarbes, reconnait les apparitions, au terme d’une enquête minutieuse et documentée. Tout est clair là aussi et toute la suite de l’histoire de Lourdes témoigne à 100% en faveur des apparitions : un lieu de grâce, de charité, de paix, de miracles comme rarement et même comme nulle part ailleurs dans l’histoire du monde.

Il est bien plus raisonnable de croire à l’authenticité de Lourdes que de ne pas y croire.

Même si c’est la liberté de tout catholique de ne pas croire, car Lourdes n’est pas un dogme. Il est cependant plus facile d’accepter le mystère plutôt que toutes les tentatives ratées, d’expliquer autrement ce qui est confirmé par l’histoire. Lourdes est un lieu unique, fascinant aussi pour le chercheur. Comme j’étudie la vérité sur Lourdes depuis au moins 30 ans, dans « Bernadette non ci ha ingannati » (Bernadette ne nous a pas trompé) j’ai examiné à la loupe le seul témoin, la petite analphabète de 14 ans, haute de 141 cm, la fille des Soubirous. Mais j’ai recueilli tellement de documentation, souvent inédite, que je vais publie publier dans un autre livre, « Attorno a quella grotta », en français : "Autour de cette grotte". Encore une fois, j’apporterai en ces pages des raisons pour confirmer la vérité de ces 18 apparitions de 1858.

Si Lourdes est vrai, tout est vrai !

J’ai personnellement découvert la foi, venant de l’agnosticisme, lorsque j’étais à l’Université, à Turin, en Sciences Politiques, et j’ai toujours recherché les raisons de croire. Lourdes est un cas exemplaire, un don qui a été fait par Dieu, une poignée à saisir lorsque le doute nous menace. Un signe de plus pour authentifier l’ensemble de la foi catholique. Je le répète : si Lourdes est vrai, tout – dans le Crédo – est vrai : Dieu, le Christ, l’Église « une, catholique, apostolique, romaine ». Eh bien : Lourdes est vrai, la recherche historique le confirme d’une façon sûre !

Vittorio Messori – LA QUESTION DU MARDI