Pourquoi l’Assomption est la plus grande des fêtes mariales ?

L'Assomption par Nicolas Poussin.

La montée au Ciel de Marie que nous fêtons le jour de l'Assomption, couronne la vie méritante de Celle qui a été créée immaculée.

L’Immaculée Conception et l’Assomption sont les deux fêtes mariales principales. La première célèbre l’élection de Marie par Dieu, le fait d’avoir été créée en ayant été préservée de la tache du péché originel en prévision de sa maternité divine, de son engendrement du Fils de Dieu en la personne de Jésus. L’Assomption, de son côté, célèbre sa montée à la gloire céleste, en corps et en âme, à la fin de son existence terrestre. D’un côté, l’Immaculée Conception commémore un événement de pure grâce de la part de Dieu et qui se situe tout en aval de la vie de la Vierge Marie. L’Assomption, quant à elle, commémore un événement qui eut lieu au terme de son existence. Il existe un lien entre ces deux mystères. L’Immaculée Conception, en soustrayant Marie à toute emprise du démon sur sa personne, lui a fait éviter le salaire du péché : la corruption de son corps. Sa charité indéfectible lui a gagné le Ciel en son corps et son âme. Toutefois, cette différence entre aval et amont dans la vie de la Vierge est la cause de la supériorité de l’Assomption sur l’Immaculée Conception. Pourquoi ? 

Entre les deux mystères, la Croix

Entre l’élection de Marie, son exemption de la trace du péché originel et sa création en une plénitude de grâce et de charité, et d’autre part son assomption au Ciel, il y eut l’intervalle de son existence terrestre. Or le parcours de vie de la Vierge ne fut pas une promenade de santé. Son élection et sa plénitude de grâce ne l’ont pas préservée des douleurs, des souffrances inhérentes à la condition humaine. Surtout, son Immaculée Conception n’a pas aboli sa liberté. Marie est restée libre. C’est ce qui fait tout le prix du « oui » qu’elle prononça à l’Annonciation et plus encore de son acceptation de la Croix. Là, sur le Calvaire, elle collabora comme aucune créature ne le fit jamais à la Rédemption du genre humain. Ce qui signifie que sa plénitude de grâce n’a pas exclu en elle le mérite. Si Marie n’a pas eu d’attirance pour le mal, en revanche son mérite est resté entier. Le Christ lui aussi a été méritant ! Car le mérite n’est pas lié intrinsèquement à la difficulté à vaincre, car sinon plus on gagnerait en maîtrise de soi, moins on serait méritant ! Le mérite de Marie a consisté à adhérer à Dieu en toutes circonstances et à poser les actes qui correspondaient au plan divin.

Pourquoi souligner la dimension méritoire de l’existence de la Vierge ? Parce que Marie a gagné la gloire céleste à cause de son obéissance indéfectible à la volonté de Dieu ! Aussi son Assomption ressortit-elle autant de la grâce que de la justice. Si l’Immaculée Conception fut pure grâce de la part de Dieu, en revanche la Vierge a mérité de monter au Ciel et de pouvoir de la sorte exercer son ministère de maternité de grâce universelle. C’est la raison pour laquelle le mystère de l’Assomption est plus important que celui de l’Immaculée Conception. Entre les deux, s’est intercalé le mystère de la Croix où la Vierge a donné toute la mesure de sa foi et de sa charité.  

Marie est montée au Ciel en toute justice 

Ainsi, tous les chrétiens ont contracté une dette de justice envers leur mère du Ciel. Dans une confidence faite à la mystique belge Berthe Petit (1870-1943), Jésus lui-même reconnut le droit de sa mère à être honorée en toute justice : « Le Cœur de ma Mère a droit à ce titre de “Douloureux”, et je le veux placer avant celui d’“Immaculé”, parce qu’elle l’a acquis elle-même. L’Église a reconnu ce que je fis moi-même en sa Conception Immaculée. Il faut maintenant, et je veux, que soit compris et connu le droit qu’a ma Mère à un titre de justice » (R.P. Colin, Berthe Petit, Nouvelle Éditions Latines, 1967, p. 41). Ce que dit Jésus à propos du cœur douloureux de Marie peut être transposé au mystère de l’Assomption puisque celle-ci constitue le couronnement de l’existence méritante de la Vierge. Cette différence entre les deux mystères qui encadrent la vie de Marie est valable également pour nous. Nous aussi avons été élus de toute éternité par Dieu « pour être saints et immaculés devant Lui, destinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ » (Ep 1, 4-5). Cependant, cette élection ne garantit pas que nous irons au Paradis ! Nous serons jugés sur l’amour. La miséricorde ne fait pas l’impasse sur la justice. Dieu nous prend au sérieux. Voilà pourquoi le mystère de l’Assomption l’emporte en importance sur celui de l’Immaculée Conception.  

Jean-Michel Castaing - Aleteia