QUATRIEME SECTION

La purification de la Sainte Vierge

SEIZIÈME JOUR

MÉDITATION

Plan de la méditation. — En se présentant avec l’enfant Jésus au temple, Marie accomplissait une double loi ; l’une la regardait elle-même, l’autre concernait son divin Fils. Nous avons médité celle-ci ; reste à considérer la première. Nous étudierons cette admirable soumission de Marie à une prescription humiliante, pour y voir un sacrifice pénible, dicté par les motifs les plus saints, et accompli par la plus haute vertu.

MÉDITATION

« Secundum quod dictum est in lege Domini. » (Lu 2, 24)

Comme il est écrit dans la loi du Seigneur.

1er PRÉLUDE. — Rappelons-nous la loi juive obligeant toute femme devenue mère à se présenter après quarante ou quatre-vingts (Suivant qu’il s’agissait d’un fils ou d’une fille) jours dans le temple, pour s’y purifier par l’offrande d’un sacrifice. Marie, vient, au jour fixé, remplir cette prescription.

2e PRÉLUDE. — Représentons-nous le temple de Jérusalem. La cérémonie avait lieu dans un des bâtiments précédant le sanctuaire.

3e PRÉLUDE. — Demandons la grâce de nous pénétrer de l’esprit qui anima la Sainte Vierge, et d’en faire, à son exemple, le principe de nos actions.

I — LE SACRIFICE POUR MARIE

I. — 1. Étonnante est, à première vue, cette soumission de la Sainte Vierge. La loi dont il s’agit se rattache à la prévarication de notre premier père. Depuis lors, la mère d’un enfant conçu dans le péché contracte elle-même une sorte de souillure, que ne symbolisent que trop les souffrances qu’elle a endurées. Mais Jésus vient pour détruire le péché originel ; au lieu de la douleur, une joie inénarrable remplit la mère ; et loin de se trouver impure, Marie voit mettre le sceau à sa pureté virginale. De toutes façons, la loi ne la regardait pas.

2. — Et à quel prix la Sainte Vierge se soumit-elle à la loi ? Au prix de son renom même de virginité ! Ah ! quel renversement des conseils de la prudence humaine ! Elle objecte son vœu de virginité, là où toutes l’eussent désavoué : quand l’ange lui proposa de devenir mère de Dieu. Et elle cache cette virginité, là où toutes en auraient fait étalage : quand elle pouvait l’alléguer pour s’exempter de la loi. Quelle humiliation cependant : rien ne coûtait à Marie comme de passer pour avoir perdu sa virginale intégrité.

II. — Dans cet exemple de Marie, puisons un courage méritoire, d’abord pour accepter les humiliations, puis pour ne pas chercher à faire montre de nos avantages. La vraie vertu brille comme à son propre insu.

II — RAISONS DE CE SACRIFICE

I. — Cette conduite fut dictée à la Sainte Vierge, d’abord par le désir d’imiter Notre-Seigneur. Jésus accepte le sort commun des enfants, jusqu’à subir la circoncision ; Marie veut après Lui partager le lot commun des mères.

Une raison d’édification et de discrétion corrobore ce premier motif. Marie ne pouvait se soustraire à la Loi sans mésédifier ou sans expliquer le miracle qui l’en dispensait.

Mal édifier, sa charité ne le pouvait souffrir. Et elle n’osait prendre sur elle de révéler les mystères de Dieu. À Dieu, maître de ses dons, à les faire connaître s’il le jugeait à propos. Marie s’était tue devant Joseph ; comment parlerait-elle devant des étrangers ?

Ces mêmes raisons d’humilité et d’édification, ce même désir d’imiter le Sauveur, engagent l’homme vraiment spirituel à fuir toute singularité. Avec une entière liberté intérieure, il poursuit l’entreprise de son perfectionnement ; mais dans sa conduite extérieure, il n’hésite pas à faire des sacrifices pour se plier aux usages reçus et ne choquer personne ; il n’admet qu’à bon escient des dispenses nécessaires.

III. — LA VERTU NÉCESSAIRE AU SACRIFICE

I. Pour pratiquer cette simple obéissance, il fallut à Marie : a) Une grande liberté de cœur, l’affranchissement des jugements des hommes. b) Une grande foi dans le regard avec lequel Dieu et les anges suivent nos actions et nos intentions, c) Une parfaite confiance dans la direction providentielle des événements ; ou, si l’on aime mieux, la persuasion que, lorsqu’on agit selon la vertu, on a toute raison de s’abandonner à Dieu complètement.

II — Dans notre vie spirituelle, nous ne saurions assez estimer l’affranchissement de toute servitude humaine. La dépendance des hommes est une source de péchés ou de faiblesses.

Une vive foi doit nous rapprocher de Dieu.

Et surtout, nous trouverons à la fois le repos et la sainteté dans cette solide conviction, que nous ne saurions aboutir à un mécompte, en faisant ce qui est le mieux.

COLLOQUE

Prions la Sainte Vierge, par ce qu’il lui en a coûté, de nous obtenir de son divin Fils cette sagesse surnaturelle. Ave Maria !