L'OFFICE DIVIN

 

L'OFFICE DIVIN

« En cela réside la dignité de la prière chrétienne :
elle participe de la piété du Fils unique envers le Père
et de la prière que, durant sa vie sur terre, il a exprimée par la parole
et qui, à présent, se perpétue sans interruption
dans toute l’Église et en tous ses membres,
au nom et pour le salut de tout le genre humain. »
Présentation générale de la Liturgie des heures

 

La Liturgie des heures, par laquelle l’Église, depuis ses origines, se tourne vers Dieu au long du jour, est la forme première de la louange chrétienne, la matrice de toute prière commune et, pour ainsi dire, l’école de prière de l’Église. Si la célébration de l’Eucharistie est « la source et le sommet » de toute la vie de l’Église, le chant de l’Office divin au long du jour et de la nuit en est en quelque sorte la respiration. Tandis que l’Eucharistie célèbre et actualise le mystère du salut, particulièrement le dimanche, en présentant au Père la Passion, la mort et la Résurrection du Christ, la Liturgie des heures adresse à Dieu, chaque jour, heure après heure, psaume après psaume, la louange et l’action de grâce de son peuple, par toute la terre. Elle assure ainsi le rayonnement du mystère central de l’Eucharistie, dont elle réfléchit la grâce en tout temps et en tout lieu, tout comme elle prolonge sur la terre le chant éternel de louange des anges et des saints.

LA PRIÈRE ORIGINELLE DES CHRÉTIENS

« Le témoignage de l’Église primitive nous apprend que les fidèles s’adonnaient à la prière individuelle à des heures fixes. Dans la suite, la coutume s’est établie assez rapidement d’affecter à la prière commune des moments déterminés, comme la dernière heure du jour, lorsque tombe le soir et qu'on allume la lampe, ou la première, quand, vers l’apparition de l’astre du jour, la nuit touche à sa fin. Avec le temps, on allait sanctifier par la prière commune d’autres heures encore, comme cela était suggéré aux Pères par la lecture des Actes des Apôtres. Ceux-ci nous montrent en effet les disciples rassemblés pour la prière à la troisième heure ; le prince des Apôtres monta à la chambre haute pour prier, vers la sixième heure’’; “Pierre et Jean montaient au Temple pour la prière de la neuvième heure”; “Au milieu de la nuit, Paul et Silas, en prière, louaient Dieu”. Ces prières, faites en commun, allaient constituer progressivement un cycle d’heures bien défini. Cette Liturgie des heures, ou Office divin, complétée également par des lectures, est avant tout une prière de louange et de supplication; elle est prière de l’Église avec le Christ et adressée au Christ » (Présentation générale de la Liturgie des heures).

LA « PRIÈRE DE L’ÉGLISE »

On appelle volontiers la Liturgie des heures « prière de l’Église ». Cette expression désigne la prière publique et officielle de l’assemblée chrétienne, lorsqu’elle se rassemble pour chanter la louange de Dieu : « Lorsque cet admirable cantique de louange est accompli selon la règle par les prêtres ou par d'autres, députés à cela par institution de l’Église, ou par les fidèles priant avec le prêtre selon la forme approuvée, alors c’est vraiment la voix de l’Épouse elle-même qui s’adresse à son Époux ; et mieux encore, c’est la prière du Christ que celui-ci, avec son corps, présente au Père » (Vatican II).

Le dialogue entre l’Épouse et l’Époux évoque la manière de prier de la primitive Église : en chantant les psaumes, la communauté des disciples adressait sa prière au Christ. Mais la Liturgie des heures est aussi la prière offerte au Père par le Christ, uni aux membres de son corps mystique : « Il prie pour nous comme notre prêtre ; il prie au milieu de nous, comme notre Tête » (saint Augustin). Ainsi, chaque fois qu’elle chante la Liturgie des heures, l’Église révèle ce qu’elle est par nature : la communauté de prière et de louange rassemblée par le Christ.

Si les clercs et les religieux sont strictement tenus, par leurs promesses et par leurs vœux, à la célébration quotidienne de l’Office divin (le « bréviaire »), celui-ci n’est pas leur apanage : la Liturgie des heures est la prière native de toute l’Église. Pour cette raison, la célébration commune des Heures, en particulier le matin et le soir, doit être généreusement proposée aux fidèles, qui l’accomplissent en vertu de leur sacerdoce baptismal.

LA SANCTIFICATION DU TEMPS

Les premiers chrétiens ont hérité de la tradition juive l’exigence de « prier sans cesse », au moyen du livre des psaumes. Cette règle, rappelée et vécue par le Christ, s’exprime de manière concrète par la sanctification de certaines heures de la journée, en particulier le matin et le soir. La tradition chrétienne reconnaît aujourd’hui sept « Heures » principales - sept offices - pour réciter les psaumes. Les laudes, au lever du jour, sont un office de louange du Créateur et d’offrande de la journée, dans la lumière de la Résurrection; les offices de tierce, sexte et none sanctifient le cours de la journée à la troisième, à la sixième et à la neuvième heure (soit environ 9 heures, midi et 15 heures) ; les vêpres, tandis que le soir tombe, sont un office d’action de grâce pour la journée qui s’achève, comme l’offrande à Dieu du sacrifice du soir; les complies, au moment de se coucher, recommandent à Dieu le sommeil et les angoisses de la nuit, et préparent  l’âme au dernier repos qui conduira à la vie éternelle ; enfin, un long office de lecture, célébré dans la journée, la veille au soir ou a la fin de la nuit (on l’appelle alors vigiles ou matines), permet de consacrer du temps à la Parole de Dieu, commentée par les Pères et la Tradition de l’Église.

En célébrant ces différentes Heures au long de la journée, l’Église sanctifie le temps. « Sanctifier » signifie étymologiquement : réserver à Dieu. En interrompant son activité humaine pour prier l’Office divin avec l’Église, le fidèle sacrifie concrètement une part de son temps de travail ou de loisir afin d’en faire l’offrande à Dieu. Le temps terrestre (chronos), ainsi sanctifié et offert, devient le temps de Dieu (kairos), un temps laissé à l’exercice de sa Providence et à l’œuvre de sa grâce. De cette manière, la Liturgie des heures permet de déposer en Dieu le cours du temps et de lui offrir la Création, l’Église et la communauté humaine, avec leurs souffrances et leurs aspirations, comme aussi le monde intérieur de son âme, avec ses joies et ses peines.

LA CÉLÉBRATION DE LA LITURGIE DES HEURES

« Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18, 20). Certes, l’Office divin peut être prié seul, en communion avec toute l’Église, surtout par ceux qui en ont reçu le mandat et doivent s’en acquitter avec exactitude. Cependant, il convient que la Liturgie des heures, qui est par excellence la prière de l’Église, soit célébrée de manière communautaire. Aussi, « les pasteurs veilleront à ce que les Heures principales, surtout les vêpres, les dimanches et jours de fêtes solennelles, soient célébrées en commun dans l’église » (Vatican II).

L’Office divin, élaboré au long des siècles, recèle un trésor de prières et de chants aussi riche que celui de la liturgie de la messe. Il n’appartient pas au missel de les présenter, mais au livre des Heures. L'Office romain est ainsi contenu dans la Liturgia horarum et ses diverses traductions en langue moderne, tandis que les ordres monastiques ont le plus souvent des offices propres, hérités principalement de la Règle de saint Benoit (+ 547).

La Liturgie des heures consiste fondamentalement dans le chant des psaumes. Ceux-ci sont répartis de telle sorte que les cent cinquante psaumes de la Bible soient chantés au cours d’une ou de plusieurs semaines (l’Office romain les distribue aujourd’hui sur quatre semaines). Un psaume invitatoire, traditionnellement le psaume 94, introduit toujours l’office quotidien. Les psaumes sont accompagnés d’antiennes (refrains) et d’hymnes poétiques composées au long des siècles et particulièrement mises en valeur dans la tradition grégorienne. Chaque office comporte aussi une lecture de l’Écriture sainte suivie d’un répons méditatif. Dans la tradition romaine, les laudes et les vêpres, aux deux pôles de la journée, culminent dans le chant solennel du cantique de l’Évangile - Benedictus le matin et Magnificat le soir -, suivi de prières d’intercession et du Notre Père. L’office des complies, à la dernière heure de la journée, s’achève par une antienne en l'honneur de la Vierge Marie.

 

Missel LAUDATE - Artège