LES SAMEDIS DE LA VIERGE MARIE
LES GRÂCES DE MARIE

PREMIER SAMEDI

L’élection de Marie, considérée en Dieu, son principe

Plan de la méditation. — Dieu principe, Dieu fin de toutes choses : ces deux vérités fondent toute la vie morale ; mais l’une et l’autre, hélas ! sont trop souvent méconnues ; et la première est peut-être l’objet d’un oubli plus complet et plus général. Saisissons avidement l’occasion de l’approfondir dans cette méditation, qui remonte à la source suprême de toutes les grandeurs de Marie : une libre élection de Dieu. Nous verrons successivement, que l’élection divine contient une grande leçon de dépendance absolue et de complète soumission ; qu’elle est pour Marie et pour nous un suprême honneur ; et qu’elle vaut à Dieu une glorification universelle. En d’autres termes, elle nous humilie, elle nous honore, elle glorifie son auteur. Telle est la matière des trois points de cet exercice.

MÉDITATION

« O homo, tu quis es, qui respondeas Deo ? » (Rm 9, 20).

Homme qui êtes-vous, pour entrer en discussion avec Dieu.

1er PRELUDE. — Nous reportant à ce moment, séparé de nous par d’innombrables siècles, où rien n’était créé, mais où Dieu était ; efforçons-nous d’isoler de tout le reste la Majesté infinie et de fixer notre regard sur elle seule, comme sur une grandeur et une bonté qui se suffit pleinement à elle-même.

2e PRELUDE. — Demandons la grâce de mieux comprendre l’abîme de notre néant, afin de mieux remplir notre premier devoir de créature.


I — L’ÉLECTION DIVINE,
GRANDE LEÇON DE DÉPENDANCE ET DE SOUMISSION

I — Supposons, en face de Dieu, la multitude innombrable des êtres possibles. Tous sont néant, néant jusqu’à ne pouvoir être représentés que sous des traits étrangers, empruntés au monde réel dont ils ne font point partie. Il sont là devant Dieu, comme immobiles et sans voix, même pour plaider leur propre cause, la cause suprême de leur appel à l’existence. Dans ce silence universel de toutes choses, Dieu n’écoute que Lui-même : Il veut et Il fait ! Vrai de tout ce qui n’est pas Dieu, c’est vrai de Marie. Nos hommages cesseraient de plaire à la Sainte Vierge, si nous cessions de voir en elle une créature, néant par elle-même, et redevable à Dieu de tout ce qu’elle a de grandeur et de bonté.

II — Nous n’échappons pas non plus au néant de notre origine. « Quid habes quod non accepisti ? (1 Co 4, 7) » Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu ? Et quel droit avions-nous à rien recevoir ?

Que de fois pourtant, nous avons méconnu cette évidence ! Nous l’oublions pratiquement chaque fois que nous nous complaisons en nous-mêmes ; chaque fois que nous cédons à l’impatience, que nous voudrions le monde autre qu’il n’est de par la volonté ou la permission divine : chaque fois que contre les hommes ou les choses, nos lèvres murmurent des plaintes orgueilleuses.

II — L’ÉLECTION DIVINE, SUPRÊME HONNEUR DE LA CRÉATION

I. — L’élection par laquelle Dieu décide, librement et souverainement, de créer tel ou tel être, dans telles et telles circonstances, est une éternelle pensée de Dieu et, quand il s’agit d’une créature raisonnable, un amour divin également éternel.

Éternelle pensée. Marie est là en Dieu. Mais comment ? Non pas comme une image prise de la réalité, mais comme un prototype d’où la réalité dérive ; idéal, modèle, prototype, identifié avec Dieu, cause exemplaire de tout ce que Marie sera !

Éternel amour, qui crée l’objet qu’il aimera !

 

II. — Si petits que nous soyons, ce même honneur nous est dévolu. Avant que nous puissions nous connaître, avant que nous puissions nous aimer, avant que personne au monde pût songer à arrêter sur nous un regard, une pensée, une volonté bienveillante : Dieu nous connaissait et nous aimait ! Ô abîme de la sagesse et de l’amour divins, qui répond à l’abîme de notre néant ! Remercions longuement !

III — L’ÉLECTION DIVINE, SOURCE, POUR DIEU,
D’UNIVERSELLE GLORIFICATION

I — Si tout ce qui est, toute qualité, tout élément positif de n’importe qui, de n’importe quoi, vient de Dieu comme de son premier principe qui est sa raison à Lui-même, il est clair que tout manifeste la vérité et la bonté de Dieu. Toute grandeur de Marie, toute louange prononcée en son honneur aboutit là nécessairement !

II — Si c’est à Dieu que tout se termine, n’ayons donc pas peur de louer Marie. Tant que nous ne la confondons pas avec Lui, nous honorons Dieu en exaltant la Mère de Dieu.

Mais, en même temps, comprenons comment nous devons rapporter à Dieu tous nos avantages, nos qualités, nos talents. Tâchons de rendre pleine justice à notre Créateur, en Lui faisant honneur de tout, non seulement par des paroles, mais encore par des actes : en employant tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes pour Le servir et L’aimer. Assurément nos bonnes actions glorifient toutes Dieu, dans la mesure même de leur bonté ; mais augmentons cette bonté, en nous efforçant de les rendre toujours meilleures et en offrant à Dieu l’hommage exprès de toutes choses.

COLLOQUE

Nous adorerons Dieu, dans le colloque ; et nous Le supplierons par Marie de nous communiquer une humilité parfaite et d’agréer l’offrande de nous-mêmes tout entiers. Nous Le glorifierons aussi dans sa sainte Mère. Ave Maria !

   A. Vermeersch S.J.