LES SAMEDIS DE LA VIERGE MARIE
LES GRÂCES DE MARIE

TREIZIÈME SAMEDI

L’impeccabilité de la Mère de Dieu.

Plan de la méditation. — Nos péchés, l’impeccabilité de Marie, notre lutte contre le péché, tels seront les points de cette utile méditation.

MÉDITATION

« Nihil inquinatum in eam incurrit ». (Sg 7, 25).

Rien d’impur ne saurait entrer en elle.

1er PRELUDE. — Représentons-nous la Sainte Vierge, dans sa maison de Nazareth, au moment où elle répond à l’ange : « Voici la servante du Seigneur ».

2e PRELUDE. — Demandons, outre la grâce de concevoir pour notre Mère une plus profonde estime, celle de travailler, avec l’ardeur dont tous les saints nous donnent l’exemple, à élaguer de notre vie le péché.

I. — NOS PÉCHÉS

I. — Qu’il est salutaire de bien nous convaincre que nous sommes des pécheurs !

1. Supposons que notre vie s’écoule maintenant sans péché mortel. Mais le passé, l’irrévocable passé, que nous rappelle-t-il ? Ces taches seraient restées indélébiles, n’eût été la grâce du Seigneur.

2. Actuellement encore, que de désordres et que d’écarts ! À ce Dieu, qui est au-dessus de nous, adressons-nous avec respect nos hommages ? Pour la moindre petite contrariété, quelles sourdes colères et quelles impatiences ! À côté de nous, le prochain, avec ses succès, ses revers, ses besoins, ses faiblesses : quelles ne sont pas nos pensées jalouses ; quelle tendance au dénigrement ne surprenons-nous pas en nous ; quelle joie maligne, quel égoïsme indifférent ! Comme nous jugeons autrui sévèrement ! À l’égard de nous-mêmes, quelles faciles victoires remportent sur nous nos petites passions, nos envies sensuelles et gourmandes ; quelle sotte vanité nous entretient dans une complaisance exagérée en nous-mêmes ! Qu’aisément nous fléchissons devant la difficulté ; comme nous sommes lâches à nous déclarer du parti de Jésus-Christ ! Que de petits mensonges dissimulés dans notre langage, que d’arrière-pensées suspectes dans nos intentions ! Continuons cette énumération, parcourant, soit nos facultés, pour connaître l’abus que nous en fîmes, soit les préceptes, pour leur opposer nos manquements, soit les vertus, pour en remarquer l’absence, soit nos journées, nos occupations, nos relations, pour arriver aux humbles confessions de St AUGUSTIN, et nous demander avec larmes : « Où donc, ou quand, Seigneur, ai-je été sans péché ? (Confessions, L. 1, c. 7. (M. P. L., t. 32, col. 666).)

II. — Cette conclusion n’est pas faite pour nous décourager ; car nous pouvons et nous devons y joindre en même temps cette vérité, que tels que nous sommes, Dieu nous supporte, nous aime. Mais il en doit résulter cette conviction, de toutes la plus utile, que notre vie spirituelle n’a d’autre fondement que la miséricorde paternelle de Dieu. Nous comprendrons mieux alors le Beati miséricordes ! (Mt 5, 7) Bienheureux les miséricordieux !

II. — L’IMPECCABILITÉ DE LA MÈRE DE DIEU

I. — 1. Faisant écho à une tradition moralement unanime, le concile de Trente (Sess. VI, can. 23.) nous enseigne que Marie fut pure de tout péché actuel, qu’en elle il n’y eut jamais le moindre acte de volonté contraire au précepte divin.

2. De plus, cette pureté n’était pas un simple fait ; elle était exigée par les rapports intimes et sublimes de Marie avec Dieu. Si rien de souillé n’entre au ciel, bien moins encore quelque souillure pouvait-elle profaner le tabernacle vivant, le ciel réservé au Verbe divin (C’est-à-dire, nous l’avons vu, que Dieu ne pouvait choisir un ordre du monde dans lequel la Mère de Dieu eût péché.).

3. Cette immunité de la souillure est, au regard de tous les enfants d’Adam, un privilège unique, une bénédiction que Marie fut seule à recevoir. Les apôtres furent confirmés en grâce, assurés de l’amitié divine : ils avaient le don de la parfaite persévérance. Mais Marie, à l’exclusion des autres hommes, obtint seule cette parfaite confirmation dans le bien qui écartait tout péché véniel. Par ce don, notre Mère menait ici-bas la vie que nous mènerons tous dans la gloire du ciel. Mais là, l’impeccabilité proviendra de la vue de Dieu dans la gloire ; pour Marie elle fut le fruit de l’abondance de la grâce (Voyez S. THOMAS, in III dist. 13, q. 1, art. 2, q. 3, sol. 3, ad 2.). Et par cette abondance, comme par la raison plus haute de son impeccabilité, Marie non seulement égalait les anges, mais même les dépassait. Bien plus, puisque aucune union avec Dieu ne se peut concevoir plus intime que celle dont jouissait sa Mère, on ne peut concevoir non plus, dans aucune pure créature, une opposition plus radicale au péché. Marie atteint donc au plus haut degré possible de pureté.

4. Comparée à celle du Christ, l’impeccabilité de Marie s’en distingue par sa cause prochaine. Le Christ portait en Lui-même, dans l’union de sa nature humaine avec la Personne divine, l’impossibilité la plus absolue de forfaire à un devoir. Au contraire, la volonté de Marie, prise à part, était sujette à faillir. Si elle n’a pas failli, elle le doit, d’une part, à son glorieux affranchissement de la concupiscence et de la tentation intérieure, comme à des grâces actuelles extraordinaires ; mais c’est, d’autre part, l’effet de l’attention apportée par Marie à librement correspondre à la grâce de Dieu. Préservée du feu de la concupiscence, exempte de tout premier mouvement contraire à la loi, Marie pouvait ne pas pécher ; par une grâce extraordinaire, elle était invitée à ne pas faillir ; et elle acquiesçait librement à cette invitation, comme librement elle consentit à être Mère de Dieu. Infiniment moins relevée que celle de son Fils, l’impeccabilité de Marie nous permet de lui décerner l’éloge des Livres saints : elle a pu transgresser la loi, et ne l’a point fait !

Bornons-nous ici à bien saisir la haute dignité de Marie.

III. — NOTRE LUTTE CONTRE LE PÉCHÉ

I. — Les saints ont parcouru les carrières les plus variées ; mais tous ont travaillé à extirper le péché de leur cœur. Réfléchissons-y : Dieu n’a besoin d’aucun de nos services, et nous ignorons notre avenir. Nous jetons péniblement la semence, sans savoir si nous serons là pour cueillir la moisson. Les fruits des autres travaux peuvent périr dans leur fleur. Nos desseins les plus beaux peuvent ne pas répondre au plan de Dieu. Mais une tâche certainement utile, certainement voulue de Dieu, c’est celle qui consiste à diminuer, à supprimer nos péchés. Avons-nous donné à ce travail tous nos soins ? Faisons-le désormais.

II — Tactique à suivre : a) Prions, afin d’avoir d’abondantes grâces de Dieu, b) Soumettons nos passions ; commandons à nos premiers mouvements. Par ces deux moyens, nous transporterons en nous quelque chose de la grâce de préservation de Marie, c) Par des méditations attentives sur chacun de nos devoirs, frappons notre esprit par leur raison d’être, d) Recherchons la racine de nos principales fautes, attaquons-la par l’examen particulier, e) Dans nos rapports avec Dieu, nos exercices de piété, ayons une foi éclairée qui nous fasse préférer la qualité au nombre ; qui nous montre plus de valeur dans un Pater dit posément et avec attention, que dans plusieurs récités précipitamment durant le même temps.

COLLOQUE

Adressons une fervente prière à Marie, pour être humbles et forts dans la lutte contre le péché. Bénissons-la de ses attentions maternelles à nous préserver d’un plus grand nombre de péchés. Ave Maris Stella ! Vitam praesta puram ! Faites que notre vie soit pure !