LES SAMEDIS DE LA VIERGE MARIE
LES GRÂCES DE MARIE

SECONDE SECTION

LES VERTUS DE LA MÈRE DE DIEU

DIX-NEUVIÈME SAMEDI

La foi de la Mère de Dieu : Les épreuves de cette foi.

Plan de la méditation. — Dieu a coutume de soumettre la foi de ses élus à une triple épreuve : ils ne voient pas ; ils ne comprennent pas ; ils croient voir le contraire. Considérons ces épreuves en Marie, pour en faire l’objet d’utiles applications à nous-mêmes.

MÉDITATION

« Beati qui non viderunt et crediderunt ! » (Jn 20, 29).

Bienheureux ceux qui croient sans avoir vu !

1er PRELUDE. — Représentons-nous la pauvre étable de Bethléem. Voyons-y la Sainte Vierge, en adoration aux pieds de son petit enfant.

2e PRELUDE. — Demandons la grâce de comprendre plus clairement la raison d’être des épreuves de la foi, afin de les mieux mettre à profit et de les surmonter plus triomphalement.

I. — L'ÉPREUVE DE L’INVISIBLE

I. — Rien, dans l’enfant Jésus, n’annonçait le rôle magnifique qu’il devait remplir. En tout devenu semblable à nous (He 2,17), l’Homme-Dieu cachait sa splendeur, prenant toute la réalité de l’enfance, de la faiblesse, et de la plus humble profession. Quelle vue déconcertante pour le peuple juif, qui rêvait d’un autre Messie ! Marie, sans voir, croyait.

II. — De même, à toute époque, le fidèle voit les biens extérieurs qui attirent son regard ; il ne voit pas les biens éternels que la foi lui fait espérer.

Il éprouve les sollicitations des sens vers leurs objets, et leurs invitations aux plaisirs même défendus ; il ne sent pas les délices infinies qui lui en demandent le sacrifice.

Il observe la masse des hommes courant avides vers les richesses, les honneurs, les jouissances ; son regard ne suit pas les glorieuses phalanges qui triomphent dans les cieux.

Il entend les critiques, les désapprobations, les insultes, les railleries des hommes ; il n’entend pas la voix de Dieu ou de ses anges qui encouragent et félicitent.

Il assiste, chaque jour, au spectacle de blasphèmes et de péchés qui se vantent d’être impunis. Il connaît l’Église qu’on persécute et renie ; il ne contemple pas la Jérusalem qui exulte dans une victoire sans fin.

Comment supportons-nous ces épreuves de la foi ? Habituons-nous à ne pas juger par les sens. Des actes répétés nous rendront forts.

II — L'ÉPREUVE DE L'INCOMPRÉHENSIBLE

I. — Une pieuse considération nous fait supposer des confidences expliquant nettement à la Sainte Vierge toute l’économie de la vie et de la mort du Sauveur. Notre sagesse humaine ne nous égare-t-elle pas dans cette supposition ? Des conseils plus profonds de Dieu n’ont-ils pas, plus vraisemblablement, laissé à sa Mère tous les triomphes de la foi ? Du moins l’Évangile nous dit que la Sainte Vierge ne comprit pas certaines paroles que l’enfant Jésus lui adressa lorsqu’elle Le retrouva au temple (Lc 2, 50). Quel usage fit-elle de ces paroles ? Humblement persuadée de leur vertu divine, elle les serra dans son cœur comme en un écrin précieux, digne de contenir des perles du plus haut prix.

II. — Telle est la seconde épreuve de la foi : le mystère, l’obscurité pour l’intelligence. Combien il nous serait aisé de triompher des sens, si notre intelligence goûtait une pleine satisfaction, si les points à croire se démontraient avec évidence ! Mais de pénibles obscurités rendent la ferme adhésion plus difficile. Obscurités sur les perfections divines, sur le plan divin, sur l’économie de l’incarnation, sur la tolérance et l’étendue du mal moral, sur le nombre même de ceux qui n’ont pas la foi.

Sachons, comme Marie, garder précieusement et humblement les paroles de Dieu que nous ne comprenons pas. Ayons assez confiance en Dieu pour croire que nous ne regretterons jamais d’avoir pleinement soumis notre intelligence et attendu les clartés de la vision éternelle.

III. — L’ÉPREUVE DES APPARENCES CONTRAIRES

I. — Loin d’assister aux préparatifs d’un règne glorieux et universel, Marie vit tout se disposer pour la défaite. Partout et toujours, Jésus semble vaincu : vaincu dans sa vie cachée, qu’Il dérobe par la fuite au glaive des assassins ; vaincu dans sa vie publique, où peu croient en Lui, où ses proches eux-mêmes refusent de Le suivre ; vaincu surtout dans sa mort ! Pourtant la foi de Marie ne chancela point.

II — La foi montre toute sa force en nous menant au port contre vents et marées. Il faut que ni les événements contraires, ni les mystères les plus difficiles ne la fassent hésiter ni trembler. Ce sera là son plus beau titre de gloire.

Comprenons bien le prix de cet hommage rendu à la véracité de notre Père céleste. Et qu’il est logique d’aller jusque-là ! Peut-on dire, en récitant l’acte de foi : « Mon Dieu, je crois par-dessus toutes choses », s’il suffit de quelques apparences contraires, de quelques objections non résolues pour remplacer la foi par l’hésitation et le doute volontaires ? Dieu n’est-Il pas digne d’une confiance plus absolue ? Est-il juste de céder à des obscurités qui prouvent tout au plus la faiblesse de notre raison, mais n’ébranlent en aucune façon les fondements positifs et réels de notre foi ? Que de difficultés qui paraissaient invincibles se sont ensuite dissipées pour ainsi dire d’elles-mêmes !


 

COLLOQUE

Présentés à Jésus-Christ par Marie, ayons plaisir à renouveler au divin Maître notre acte de foi, et à Lui dire avec transport que nous savourons la beauté de cette entière adhésion qui croit en Lui sans voir, qui croit sans comprendre, nonobstant tous les prétextes contraires, et qui met sa parole et sa bonté au-dessus des sens et de la raison. Supplions-Le de nous accorder lumière et grâce pour Lui offrir toujours et de mieux en mieux pareil hommage. Ave Maria !