LES SAMEDIS DE LA VIERGE MARIE
LES GRÂCES DE MARIE

VINGT-TROISIÈME SAMEDI

L’espérance de la Mère de Dieu :
La beauté et l’utilité de cette espérance.

Plan de la méditation. — La beauté, l’utilité de l’espérance et les moyens de développer en nous cette vertu, feront l’objet des trois points de cette méditation.

MÉDITATION

« Benedictus Deus et Pater Domini Nostri lesu Christi, qui secundum misericordiam suam magnam, regeneravit nos in spem vivant ! (1 Pe 1, 3).

Béni soit Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, dans sa grande miséricorde, nous a justifiés pour nous donner une vivante espérance !

1er PRELUDE. — Figurons-nous, au Calvaire, Marie, debout au pied de la croix sur laquelle souffre son Fils.

2e PRELUDE. — Prions, afin de comprendre la beauté et l’utilité de l’espérance et de mettre tous nos soins à la cultiver avec l’aide de Dieu.

I. — LA BEAUTÉ DE L'ESPÉRANCE

I. — Jetons un regard sur l’humble et simple femme qu’était Marie. Pensons à la grandeur de sa mission, à l’héroïsme de ses résolutions, à l’étendue de ses sacrifices et de ses souffrances. Cette mission ne l’effraya point ; le temps n’ébranla point ses résolutions ; l’adversité ne brisa point l’élan de son âme. Debout, quand l’ange l’appela au nom de Dieu, elle le fut encore, quand, sous la croix, elle entendit son Fils lui dire adieu. Admirable beauté morale ! Quel en est le secret ? L’espérance.

L’espérance est, en effet, un courage de notre âme, plus fort que toute difficulté.

II. — Cette notion devrait suffire pour la faire valoir à nos yeux. Par l’espérance, l’âme se redresse ; par l’espérance, l’âme triomphe. Espérer, c’est terrasser l’ennemi, au lieu d’être abattu et défait par lui. Rougissons de notre lâcheté. Aspirons de toute notre âme à la vertu des forts.

II. — L’UTILITÉ DE L’ESPÉRANCE

Dans la vie de la Sainte Vierge, rien de petit, rien de pusillanime, rien d’impur. Marie fait des actions grandes par leur objet, et l’élévation du but agrandit les autres. C’est là le fruit magnifique de son espérance. En effet :

1. L’espérance purifie. L’attente des vrais biens futurs nous détourne des faux biens présents. Quel homme peut se ressouvenir avec confiance du bonheur éternel, et céder à l’appât d’une concupiscence temporelle et mauvaise ? L’espérance est le grand remède contre le péché.

2. L’Espérance pousse à l’action. Tout le labeur des semailles s’explique par l’attente de la récolte. L’espérance anime les grandes entreprises et les vastes desseins.

3. L’espérance fait oser. En rassurant, elle enlève cette malheureuse pusillanimité qui diminue de moitié l’action des hommes. L’espérance est l’audace des bons.

III. — LES MOYENS D’ACQUÉRIR
ET DE DÉVELOPPER L’ESPÉRANCE

I. — L’espérance est un don de Dieu, en même temps qu’une vertu. Il faut donc la demander à Dieu, et coopérer à la grâce qui nous y prépare.

En quoi consiste cette préparation ?

1. Écartons une objection assez commune et qui se présente d’elle-même. L’espérance, qui ne saurait faillir du côté de Dieu, peut être frustrée de notre côté. J’ai toujours des motifs de douter de moi-même. Cette juste appréhension ne suffit-elle pas à ruiner le magnifique édifice de mon attente future ?

Eh bien ! cela même ne doit pas affaiblir mon espérance, si du souvenir de mon infirmité, je rapproche celui de la bonne Providence divine. Dieu, qui me promet, connaît toute ma faiblesse. Et ne serait-ce pas promettre vainement, si cette propre misère créait un obstacle vraiment sérieux à l’objet espéré ? C’est moi, faible, inconstant, qui suis appelé par Dieu. C’en est assez pour que je dise : Cet appel obtiendra son effet, à moins d’une volonté orgueilleuse ou décidément mauvaise, a moins que je ne me refuse à espérer. L’espérance, comme la foi, implique un abandon à cette Providence divine qui ne trompe personne. Spes non confundit. L’espérance ne donnera pas lieu à confusion (Rm 5, 5).

Employons les moyens positifs que Dieu met en notre pouvoir : a) L’exercice de la foi. En rendant les biens plus présents, la foi pratique les rend plus aisément désirables. — b) La pureté des mœurs. Notre regard, dès qu’il se détourne de la terre, se porte vers le ciel. Ubi enim thesaurus vester est, ibi et cor vestrum erit : Votre cœur sera là où vous aurez mis votre trésor (Lc 12, 34). — c) La pratique des bonnes œuvres : elle nous fait toucher du doigt notre pouvoir de bien faire. — d) La méditation des bienfaits de Dieu et des mystères de la religion : ces bienfaits et ces mystères contiennent le gage des biens espérés. — c) Les lumières célestes que la prière nous obtiendra sur la vertu d’espérance.

II — Nous avons parfois regretté de nous sentir une espérance si médiocre. Mais qu’avons-nous fait pour la rendre plus forte et plus vive ? N’avons-nous pas attendu paresseusement qu’elle vînt à nous ? Quittons une erreur aussi préjudiciable.

COLLOQUE

Dans un colloque, plein de douce espérance, méditons la parole de l’Écriture : Spe gaudentes (Rm 12, 12). Réjouissons-nous en l’espérance. Les autres joies sont fausses ; bien réelle est celle-ci. Réfugions-nous dans le sein paternel de notre Dieu : déposons-y toute sollicitude trop inquiète (1 Pe 5, 7). Demandons de pouvoir le faire par l’intercession de notre Mère du ciel. Ave Maria !