Première Partie :   LA SALUTATION
Dom Eugène Vandeur



JE VOUS SALUE, MARIE PLEINE DE GRÂCE, LE SEIGNEUR EST AVEC VOUS, VOUS ÊTES BÉNIE ENTRE TOUTES LES FEMMES ET JÉSUS LE FRUIT DE VOS ENTRAILLES EST BÉNI.

 

JE VOUS SALUE
GLOIRE DE L’AVE

AVE

Cette salutation angélique descend du ciel, du ciel de Dieu. Elle y retentit depuis les siècles des siècles. Elle a retenti dans le Sein des Trois, du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ab initio et ante saecula... avant tout commencement... Car, avant tout commencement, avant la lumière, la vie et le mouvement de tout ce qui est ou se meut. Marie a été saluée par le Saint des Saints. Le Père l’a saluée sa Fille éternelle ; le Fils, sa Mère admirable ; l’Esprit-Saint, son Épouse immaculée. La Trinité entière la salue toujours et s’arrête devant sa beauté sans pareille, la proclamant la Toute belle, en laquelle il n’y a pas de tache.

AVE...

C’est un Archange, l’Archange Gabriel, l’un des sept qui se tiennent devant la Face de Dieu ; c'est celui dont le nom signifie la Force de ce même Dieu, qui apporte l’AVE à la terre. Ah ! redisons-le : jusqu’ici, jamais Ange ne s’était incliné devant une Créature humaine. Mais, devant cette Vierge, il abaisse sa grandeur ; il sait qu’il est devant sa souveraine, devant la Reine de toutes les hiérarchies des Anges. Il n’est pas seul ; il est accompagné de milliers de ces esprits, et de toutes leurs hiérarchies incomparables.

AVE... Il a entonné la Salutation que Dieu répète depuis les siècles infinis, en son Secret éternel. Et toutes ces armées magnifiques ont répété, AVE...

AVE... je vous salue, nous vous saluons. C’est le cantique de tous les Saints, de toutes les Saintes de Dieu. C’est le chant enthousiaste, et où se mêle une admiration sans exemple. C’est l’exaltation des Prophètes et des Apôtres et des Martyrs ; c’est l’hymne inlassable des Confesseurs, des Vierges et des Veuves ; c’est la consolation des humbles et des petits ; c’est le refuge des pécheurs ; la force des malades ; c’est le repos de ceux qui sont las ; c'est l’oraison des grandes âmes ; c’est la supplication de tous ceux et celles qui ont le besoin de Dieu.

AVE... Je vous salue... C’est le cri de ma pauvre âme, c’est mon soupir en mes détresses, c’est ma lumière en mes ténèbres, c’est ma joie en mes tristesses, c’est ma paix en mes angoisses et mes soucis, c’est ma garde à l’heure de la tentation.

AVE... Je vous salue, Vierge très belle. Vase choisi et pré-choisi de Dieu ;

Vase, le plus grand prodige de l’univers,

Vase, le bateau de la terre entière,

Vase, le paradis de délices, d’agrément et d’immortalité.

Vase, l’arbre de la vie, de la joie et des saintes ivresses.

Vase, le trésor des fidèles et le salut du monde ;

Vase, le très glorieux trône du Créateur,

Vase, très excellente Médiatrice de Dieu et des hommes,

Vase, très efficace Conciliatrice du monde entier.

AVE... Ô Marie ! Nos heures, nos jours, nos années ne suffiraient pas à exprimer ce que signifie un AVE.  À Celle que ciel et terre proclament : l’inébranlable Salut de tous ceux qui recourent à Vous, d’un cœur droit et sincère !

AVE, AVE, AVE... MARIA !


MARIE
SON NOM SI BEAU

JE VOUS SALUE, MARIE !

Un nom, c’est toujours l’image d'une essence. Je puis n’avoir jamais rencontré ni connu quelqu’un ; je sais uniquement le nom qu’il porte ; et voici qu’il se dresse aux yeux de mon âme ; je le vois, je le touche, je lui parle. Je le fais revivre, devant moi, autant de fois que je prononce son nom. Et si c’est le nom de quelqu’un que j’aime, j'en ressens un mouvement de joie et de bien-être en mon cœur. Et ce nom fait en même temps surgir les vertus, les actions éclatantes, les talents, les mérites de qui le porte. Le mérite et la gloire appartiennent au nom. Le redire, c’est étendre la renommée, c'est la porter de tous côtés. C’est l’éterniser dans tous les esprits.

Il est de ces noms infiniment augustes et sacrés ; on ne les prononce qu’avec une respect souverain, comme un mystère que personne ne sait interpréter, comme on n’osait, jadis, tirer le voile du sanctuaire.

Israël préférait le Nom sacro-saint de Jéhovah à toute la loi. Tels sont aussi les noms de Jésus et de Marie. On peut y voir comme l’abrégé de la Loi nouvelle, le trésor des plus grandes merveilles de la religion, et des plus sublimes vérités de l’Évangile.

JE VOUS SALUE, MARIE !

Je prononce ces mots, j’énonce le nom de Celle qui est une Vierge-Mère, Mère de Dieu et Mère des hommes, ma Mère à moi ; et elle est là, tout à coup, devant moi. Je n’ai pas besoin de la voir m’apparaître, comme à tant d’autres, j’en suis trop indigne. Mais si je dis : MARIE !... Elle est là. Je suis certain qu’Elle est là, qu'Elle me voit, me sourit et m’écoute et me tend les bras.

MARIE !

Ni le ciel, ni la terre ne sauraient prononcer un nom, dont ma foi et mon amour reçoivent une grâce plus abondante, dont je conçois une espérance plus assurée, et dont j’expérimente une suavité plus divine.

JE VOUS SALUE, MARIE !

Ce nom mille fois béni, signifie un monde de choses. Il m’est impossible et à personne de les exprimer. Rappelons-nous ce profond mystère : à l’origine du monde, l’Esprit du Dieu était porté sur les eaux, non pas, comme un navire, cinglant à voiles déployées et poussé en avant par un vent favorable, mais comme une colombe se penche sur ses œufs pour les échauffer, pour leur donner éclosion.

Et cet immense amas d'eau l’Écriture l’appelle : MARIA.

Oh ! je sais bien que MARIE et MARIA, ici, sont noms différents, avec un sens tout autre ; mais leur similitude et leur parfaite assonance ont inspiré les Saints de Dieu. L’Esprit-Saint, disent-ils, anima l'un et l’autre et les féconda.

Des eaux, MARIA, sortent les enfants adoptifs de Dieu, au saint baptême ; et de MARIE est né le propre Fils de Dieu, ce qui la fait la propre Mère de Dieu.

JE VOUS SALUE, MARIE !

Ce plus beau nom, le plus beau de tous les noms, le plus riche, le plus fécond, le plus puissant, le plus saint, après le saint Nom de votre Fils Jésus ; ce nom signifie tout ce qu’on peut concevoir de grand, de sublime, au ciel et sur la terre ; hélas ! il est si divin qu’il dépasse ma compréhension.

Quand je dis : MARIE, j’ai l'impression que j’exprime quelque chose d’absolument transcendant. On lit, un peu partout, qu’il signifie SOUVERAINE et REINE : et c’est vrai. Vous dominez, MARIE, au ciel, sur la terre et jusque dans les enfers ; vous êtes la Souveraine et Reine absolue de tout l’empire de votre Fils.

Tous vos sujets, là-haut, sont têtes couronnées au royaume de ce Roi des rois, au Paradis de Dieu. Ici-bas, les rois déposent à vos pieds leurs diadèmes, leurs couronnes et leurs propres personnes.

L’enfer est obligé de porter le poids de vos haines éternelles, Satan étant plus humilié de se voir Sous les pieds de la plus humble des créatures, que de se sentir écrasé par le bras tout-puissant de Dieu même.

Vous êtes ma Souveraine, ma Reine à moi aussi. Et cette domination totale sur moi, sur mon corps, sur mon âme, sur mes sens, sur tout ce que je suis et ce que j’ai, je la désire, je la veux, j’en suis fier. Je la salue, cette domination, comme une Étoile brillante qui éclaire ma vie, qui la guide. Je fixe mes yeux sur elle, et ne m’en détourne jamais. J’ai foi en sa lumière, j’ai espérance en son secours, je l’aime éperdument, comme un esclave d’amour, spontanément livré au service de sa Grande Dame.

JE VOUS SALUE, MARIE I

Ô mon âme, invoque donc Marie, repose-toi en son saint Nom. Murmure-le jour et nuit, sans te lasser. Épelle-le comme un tout petit.

MARIE ! MARIE !

Je ne sais encore que bégayer ces deux syllabes. Mais une maman est ravie, au-delà de toute expression, quand elle entend son enfant l’appeler de ses cris inarticulés. Vous, vous me comprendrez toujours et bien mieux que celle-là, à chaque fois que je vous redis :

JE VOUS SALUE, MARIE !

À suivre...